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sur l’ourque un commencement d’acharnement. L’ourque, prise de côté, pencha, mais n’hésita pas, et continua sa course vers le large. Ceci indiquait une fuite plutôt qu’un voyage, moins de crainte de la mer que de la terre, et plus de souci de la poursuite des hommes que de la poursuite des vents.

L’ourque, passant par tous les degrés de l’amoindrissement, s’enfonça dans l’horizon ; la petite étoile qu’elle traînait dans l’ombre pâlit ; l’ourque, de plus en plus amalgamée à la nuit, disparut.

Cette fois, c’était pour jamais.

Du moins l’enfant parut le comprendre, il cessa de regarder la mer. Ses yeux se reportèrent sur les plaines, les landes, les collines, vers les espaces où il n’était pas impossible peut-être de faire une rencontre vivante. Il se mit en marche dans cet inconnu.