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Le ver de terre a pris son vol
Et jeté le froc aux orties ;

L’aragne sur l’eau fait des ronds ;
Ô ciel bleu ! l’ombre est sous la treille ;
Le jonc tremble, et les moucherons
Viennent vous parler à l’oreille ;

On voit rôder l’abeille à jeun,
La guêpe court, le frelon guette ;
A tous ces buveurs de parfum
Le printemps ouvre sa guinguette.

Le bourdon, aux excès enclin
Entre en chiffonnant sa chemise ;
Un œillet est un verre plein
Un lys est une nappe mise.

La mouche boit le vermillon
Et l’or dans les fleurs demi-closes,
Et l’ivrogne est le papillon,
Et les cabarets sont les roses.

De joie et d’extase on s’emplit,
L’ivresse, c’est la délivrance ;