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Jetons le masque. Eh bien ! je tiens pour préjugés,
Oui, je tiens pour erreurs stupides les maximes
Qui veulent interdire aux grands aigles les cimes,
L’amour aux seins d’albâtre et la joie aux enfants.
Je nous trouve ennuyeux, assommants, étouffants.
Je ris quand nous enflons notre colère d’homme
Pour empêcher l’enfant de cueillir une pomme,
Et quand nous permettons un faux serment aux rois.
Défends moins tes pommiers et défends mieux tes droits,
Paysan. Quand l’opprobre est une mer qui monte,
Quand je vois le bourgeois voter oui pour sa honte ;
Quand Scapin est évêque et Basile banquier ;
Quand, ainsi qu’on remue un pion sur l’échiquier,
Un aventurier pose un forfait sur la France,
Et le joue, impassible et sombre, avec la chance
D’être forçat s’il perd et s’il gagne empereur ;
Quand on le laisse faire, et qu’on voit sans fureur
Régner la trahison abrutie en orgie,
Alors dans les berceaux moi je me réfugie,
Je m’enfuis dans la douce aurore, et j’aime mieux
Cet essaim d’innocents, petits démons joyeux
Faisant tout ce qui peut leur passer par la tête,
Que la foule acceptant le crime en pleine fête
Et tout ce bas-empire infâme dans Paris ;
Et les enfants gâtés que les pères pourris.