Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/70

Cette page n’a pas encore été corrigée


                        VII

Je ne sais si je vais sembler étrange à ceux
Qui pensent que devant le sort trouble et chanceux,
Devant Sedan, devant le flamboiement du glaive,
Il faut brûler un cierge à Sainte-Geneviève,
Qu’on serait sûr d’avoir le secours le plus vrai
En redorant à neuf Notre-Dame d’Auray,
Et qu’on arrête court l’obus, le plomb qui tonne,
Et la mitraille, avec une oraison bretonne ;
Je paraîtrai sauvage et fort mal élevé
Aux gens qui dans des coins chuchotent des Ave
Pendant que le sang coule à flots de notre veine,
Et qui contre un canon braquent une neuvaine ;
Mais je dis qu’il est temps d’agir et de songer
A la levée en masse, à l’abîme, au danger
Qui, lorsqu’autour de nous son cercle se resserre,
A ce mérite, étant hideux, d’être sincère,
D’être franchement fauve et sombre, et de t’offrir,
France, une occasion sublime de mourir ;