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                         XII

Terre et cieux ! si le mal régnait, si tout n’était
Qu’un dur labeur, suivi d’un infâme protêt,
Si le passé devait revenir, si l’eau noire,
Vomie, était rendue à l’homme pour la boire,
Si la nuit pouvait faire un affront à l’azur,
Si rien n’était fidèle et si rien n’était sûr,
Dieu devrait se cacher de honte, la nature
Ne serait qu’une lâche et lugubre imposture,
Les constellations resplendiraient en vain !
Que l’empyrée abrite un scélérat divin,
Que derrière le voile étoilé de l’abîme
Il se cache quelqu’un qui prémédite un crime,
Que l’homme donnant tout, ses jours, ses pleurs, son sang,
Soit l’auguste jouet d’un lâche Tout-Puissant,
Que l’avenir soit fait de méchanceté noire,
C’est ce que pour ma part je refuse de croire.
Non, ce ne serait pas la peine que les vents
Remuassent le flot orageux des vivants,