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Moi-même un jour, après la mort, je connaîtrai
Mon destin que j’ignore,
Et je me pencherai sur vous, tout pénétré
De mystère et d’aurore.

Je saurai le secret de l’exil, du linceul
Jeté sur votre enfance,
Et pourquoi la justice et la douceur d’un seul
Semble à tous une offense.

Je comprendrai pourquoi, tandis que vous chantiez,
Dans mes branches funèbres,
Moi qui pour tous les maux veux toutes les pitiés,
J’avais tant de ténèbres.

Je saurai pourquoi l’ombre implacable est sur moi,
Pourquoi tant d’hécatombes,
Pourquoi l’hiver sans fin m’enveloppe, pourquoi
Je m’accrois sur des tombes ;

Pourquoi tant de combats, de larmes, de regrets,
Et tant de tristes choses ;
Et pourquoi Dieu voulut que je fusse un cyprès
Quand vous étiez des roses.