Page:Hugo - L'Année terrible, 1872.djvu/310

Cette page n’a pas encore été corrigée


                          X

Ô Charles, je te sens près de moi. Doux martyr,
Sous terre où l’homme tombe,
Je te cherche, et je vois l’aube pâle sortir
Des fentes de ta tombe.

Les morts, dans le berceau, si voisin du cercueil,
Charmants, se représentent ;
Et pendant qu’à genoux je pleure, sur mon seuil
Deux petits enfants chantent.

Georges, Jeanne, chantez ! Georges, Jeanne, ignorez !
Reflétez votre père,
Assombris par son ombre indistincte, et dorés
Par sa vague lumière.

Hélas ! que saurait-on si l’on ne savait point
Que la mort est vivante !
Un paradis, où l’ange à l’étoile se joint,
Rit dans cette épouvante.