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Elle n’a rien laissé que l’instinct animal
Au sauvage embusqué dans la forêt du mal ;
Elle répond de tout ce que peut faire l’homme ;
La bête fauve sort de la bête de somme,
L’esclave sous le fouet se révolte, et, battu,
Fuit dans l’ombre, et demande à l’enfer : Me veux-tu ?
Etonnez-vous après, ô semeurs de tempêtes,
Que ce souffre-douleur soit votre trouble-fêtes,
Et qu’il vous donne tort à tous sur tous les points ;
Qu’il soit hagard, fatal, sombre, et que ses deux poings
Reviennent tout à coup, sur notre tragédie
Secouer, l’un le meurtre, et l’autre l’incendie !
J’accuse le passé, vous dis-je ! il a tout fait.
Quand il abrutissait le peuple, il triomphait.
Il a Dieu pour fantôme et Satan pour ministre.
Hélas ! il a créé l’indigence sinistre
Qui saigne et qui se venge au hasard, sans savoir,
Et qui devient la haine, étant le désespoir !

Qui que vous soyez, vous que je sers et que j’aime,
Souffrants que dans le mal la main du crime sème,
Et que j’ai toujours plaints, avertis, défendus
O vous les accablés, ô vous les éperdus,
Nos frères, repoussez celui qui vous exploite !
Suivez l’esprit qui plane et non l’esprit qui boite ;
Montez vers l’avenir, montez vers les clartés :
Mais ne vous laissez plus entraîner ! résistez !
Résistez, quel que soit le nom dont il se nomme,