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Une flamme qui parle ; il remplit le ciel bleu
De l’éternel départ de ses langues de feu.
On voit à chaque instant une troupe de rêves
Sublimes, qui, portant des flambeaux ou des glaives,
S’échappe de Paris et va dans l’univers ;
Dante vient à Paris faire son premier vers ;
Là Montesquieu construit les lois, Pascal les règles ;
C’est de Paris que prend son vol l’essaim des aigles.

Paris veut que tout monte au suprême degré ;
Il dresse l’idéal sur le démesuré ;
A l’appui du progrès, à l’appui des idées,
Il donne des raisons hautes de cent coudées ;
Pour cime et pour refuge il a la majesté
Des principes remplis d’une altière clarté ;
Le fier sommet du vrai, voilà son acropole ;
Il extrait Mirabeau du siècle de Walpole ;
Ce Paris qui pour tous fit toujours ce qu’il put
Est parfois Sybaris et jamais Lilliput,
Par la méchanceté naît où la hauteur cesse ;
Avec la petitesse on fait de la bassesse,
Et Paris n’est jamais petit ; il est géant
Jusque dans sa poussière et jusqu’en son néant ;
Le fond de ses fureurs est bon ; jamais la haine
Ne trouble sa colère auguste et ne la gène ;
Le cœur s’attendrit mieux lorsque l’esprit comprend,
Et l’on n’est le meilleur qu’en étant le plus grand.
De là la dignité de Paris, sa logique