Tous, les anciens comme les jeunes,
Isaïe autant que Byron,
Vous indiquez le but suprême
Au genre humain, toujours le même
Et toujours nouveau sous le ciel ;
Vous jetez dans le vent qui vole
La même éternelle parole
Au même passant éternel.
Votre voix tragique et superbe
Plonge en bas et remonte en haut ;
Vous demandez à Dieu le verbe
Et vous donnez au sphinx le mot.
Tout l’itinéraire de l’homme,
Quittant Sion, dépassant Rome,
Au prêtre qui chancelle ou fuit
Semble une descente d’abîme ;
On entend votre bruit sublime,
Avertissement dans la nuit.
Vous tintez le glas pour le traître
Et pour le brave le tocsin ;
On voit paraître et disparaître
Vos hymnes, orageux essaim ;
Vos vers sibyllins vont et viennent ;
Dans son dur voyage ils soutiennent
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