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                          II

Je suis en république, et pour roi j’ai moi-même.
Sachez qu’on ne met point aux voix ce droit suprême ;
Ecoutez bien, messieurs, et tenez pour certain
Qu’on n’escamote pas la France un beau matin.
Nous, enfants de Paris, cousins des Grecs d’Athènes,
Nous raillons et frappons. Nous avons dans les veines
Non du sang de fellahs ni du sang d’esclavons,
Mais un bon sang gaulois et français. Nous avons
Pour pères les grognards et les Francs pour ancêtres :
Retenez bien ceci que nous sommes les maîtres.
La Liberté jamais en vain ne nous parla.
Souvenez-vous aussi que nos mains que voilà,
Ayant brisé des rois, peuvent briser des cuistres.
Bien. Faites-vous préfets, ambassadeurs, ministres,
Et dites-vous les uns aux autres grand merci.
O faquins, gorgez-vous. N’ayez d’autre souci,
Dans ces royaux logis dont vous faites vos antres,
Que d’aplatir vos cœurs et d’arrondir vos ventres ;
Emplissez-vous d’orgueil, de vanité, d’argent,
Bien. Allez. Nous aurons un mépris indulgent,