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C’est pour cela qu’on a vécu sous les mitrailles !
Cieux profonds ! après tant d’épreuves, après tant
D’efforts du grand Paris, sanglant, broyé, content,
Après l’auguste espoir, après l’immense attente
De la cité superbe à vaincre haletante,
Qui semblait, se ruant sur les canons d’airain,
Ronger son mur ainsi que le cheval son frein ;
Quand la vertu croissait dans les douleurs accrues,
Quand les petits enfants, bombardés dans les rues,
Ramassaient en riant obus et biscayens,
Quand pas un n’a faibli parmi les citoyens,
Quand on était là, prêts à sortir, trois cent mille,
Ce tas de gens de guerre a rendu cette ville !
Avec ton dévoûment, ta fureur, ta fierté,
Et ton courage, ils ont fait de la lâcheté,
O peuple, et ce sera le frisson de l’histoire
De voir à tant de honte aboutir tant de gloire !

Paris, 27 janvier.