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Avec un jeune chat vous êtes en ménage ;
La croissance vous tient dans son souple engrenage
Et remplace l’enfant qui vagit par l’enfant
Qui jase, et l’humble cri par le cri triomphant ;
L’ange qui mange rit de l’ange à la mamelle ;
Vous vous transfigurez sans cesse, et le temps mêle
A la Jeanne d’hier la Jeanne d’aujourd’hui.
A chaque pas qu’il fait, l’enfant derrière lui
Laisse plusieurs petits fantômes de lui-même.

On se souvient de tous, on les pleure, on les aime,
Et ce seraient des morts s’il n’était vivant, lui.
Déjà plus d’une étoile en ce doux astre a lui.
Il semble qu’en cet être enchanté, pour nous plaire,
Chaque âge tour à tour donne son exemplaire ;
C’est un soleil levant que ce petit destin !
Car le sort est masqué de rayons le matin ;
Et les blancheurs de l’aube, aimable et chaste fête,
Viennent l’une après l’autre entourer cette tête
Et lui faire on ne sait quel pur couronnement.
On dirait que la vie, avec un soin charmant,
Essaie à ce jésus toutes les auréoles,
Se préparant ainsi par les caresses molles,
Les roses, les baisers, le rire frais et prompt,
A lui mettre plus tard les épines au front.