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                           V

Laissez-la donc aller cette France immortelle !
Ne la conduisez pas ! Et quel besoin a-t-elle
De vous, soldat vaillant, mais enclin à charger
Les saints du ciel du soin d’écarter le danger ?
Pour Paris dont on voit flamboyer la couronne
A travers le nuage impur qui l’environne,
Pour ce monde en péril, pour ce peuple en courroux,
Vous êtes trop pieux, trop patient, trop doux ;
Et ce sont des vertus dont nous n’avons que faire.
Vous croyez-vous de force à remorquer la sphère
Qui, superbe, impossible à garder en prison,
Sort de l’ombre au-dessus du sinistre horizon ?
Laissez la France, énorme étoile échevelée,
Des ouragans hideux dissiper la mêlée,
Et combattre, et, splendeur irritée, astre épars,
Géante, tenir tête aux rois de toutes parts,
Vider son carquois d’or sur tous ces Schinderhannes,
Secouer sa crinière ardente, et dans leurs crânes,