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LES FUNÉRAILLES.

Les délégations des écoles. Les élèves de l’École polytechnique ouvrent la marche ; viennent ensuite l’École normale supérieure, l’École centrale, les étudiants. Les étudiantes polonaises portent une couronne d’immortelles.

Les six Facultés sont représentées par des porteurs de palmes vertes. Les couronnes des institutrices et de la Société pour l’instruction élémentaire, dont Victor Hugo était le président d’honneur, sont portées par des jeunes filles.

On admire le bouquet monumental des jardiniers, la couronne en camélias blancs des étudiants hellènes, dont le ruban azur porte : « À l’auteur des Orientales » ; les couronnes de la république d’Haïti, de la colonie italienne ; la couronne des Monuments historiques ; la couronne des éditeurs Hetzel et Quantin et celle de l’Édition nationale ; la couronne des belges, avec cette inscription : « À Victor Hugo, les Belges protestant contre l’arrêté royal de 1871 » ; la couronne blanche de la Franche-Comté, portée par quatre enfants ; une couronne de roses blanches, avec cette inscription : « Les femmes et les mères de France à Victor Hugo ».

Il faut clore ce dénombrement homérique. On a calculé que Paris et la France avaient dépensé, ce jour-là, un, million en fleurs.

Le défilé des corporations venait à la fin, innombrable. L’armée de Paris et un escadron de garde républicaine fermaient le cortège.

Il était quatre heures quand cette troupe a défilé devant le catafalque. Le corbillard était arrivé depuis deux heures au Panthéon.


Le défilé.

Paris s’est versé tout entier sur le parcours du cortège. Le reste de la grande ville est un désert. De rares passants dans les rues silencieuses ; pas de voitures ; les boutiques fermées ; sur la devanture de la plupart, un écriteau porte : « Fermé pour deuil national ».

De l’Étoile, c’était un prodigieux panorama de contempler, tout le long de l’avenue, cet énorme cortège, tout bigarré de couleurs vives par les fleurs et les dorures, tout étincelant des reflets dont le soleil pique l’acier des armes.

De chaque côté de l’avenue se presse le flot du peuple, maintenu par la ligne et les escouades des gardiens de la paix. C’est un