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MORT DE VICTOR HUGO.

À la chambre des députés, après un éloquent discours de M. Floquet, président, les funérailles nationales sont également votées, par 415 voix sur 418 votants.

M. Anatole de La Forge dépose alors la proposition qui suit :

« Le Panthéon sera rendu à sa destination première et légale.

« Le corps de Victor Hugo sera transporté au Panthéon. »

Il demande l’urgence, qui est votée. La discussion est remise au mardi suivant.


En attendant, une commission est nommée par le ministre de l’intérieur, sous la présidence de M. Turquet, sous-secrétaire d’état à l’instruction publique, pour organiser les funérailles nationales.

La commission se compose de MM. Bonnat, Bouguereau, Dalou, Garnier, Guillaume, Mercié, Michelin, président du conseil municipal, Peyrat, Ernest Renan et Auguste Vacquerie.

MM. Alphand, Bartet et de Lacroix sont adjoints à la commission pour exécuter ses décisions.

Comme si le génie de Victor Hugo dictait, une idée nouvelle et grande se présente à tous :

La commission décide : Le corps de Victor Hugo sera exposé sous l’Arc de Triomphe. Il partira de là pour le lieu de sa sépulture.

La commission choisit, dans sa seconde séance, le projet de décoration de l’Arc de Triomphe présenté par M. Garnier.

Mais où serait inhumé Victor Hugo ?

L’Assemblée nationale de 1791 avait décidé que le Panthéon « serait destiné à recevoir les cendres des grands hommes, à dater de l’époque de la liberté française » ; elle avait fait inscrire sur le fronton : Aux grands hommes la patrie reconnaissante ; et elle avait immédiatement décerné à Mirabeau l’honneur de cette sépulture. Une ordonnance de Louis-Philippe avait, en 1830, confirmé la loi de l’assemblée nationale. Il est vrai que deux décrets des deux Napoléon avaient rétabli le culte au Panthéon, mais ces décrets n’avaient jamais été exécutés.

Le gouvernement de la République jugea que, pour restituer le Panthéon aux grands hommes, une loi n’était pas nécessaire ; un décret suffisait.