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MORT DE VICTOR HUGO.

Le lendemain, l’académie des sciences morales et l’académie des beaux-arts rendaient à l’illustre mort le même hommage.

À Rome, la chambre des députés est en séance quand le télégraphe apporte la triste nouvelle. M. Crispi monte à la tribune : « La mort de Victor Hugo, dit-il, est un deuil, non seulement pour la France, mais encore pour le monde civilisé. » Le président de la chambre ajoute : « Le génie de Victor Hugo n’illustre pas seulement la France, il honore aussi l’humanité. La douleur de la France est commune à toutes les nations. L’Italie reconnaissante s’associe au deuil de la nation française[1]. »

Est-il besoin de dire la part que, dès ce premier jour, la presse parisienne et française prit dans le deuil de tous ? Plusieurs journaux du soir parurent encadrés de noir. Tous étaient pleins du souvenir et de la louange du poëte.

À la maison de Victor Hugo, la douleur universelle se traduisait par l’affluence des visites, des lettres, des dépêches, des adresses.

À une heure et demie, Victorien Sardou, qui connaissait à peine Victor Hugo, venait prendre des nouvelles, apprenait que tout était fini et s’en allait en sanglotant. Comment citer tous les noms, tous les témoignages : le président de la République, les présidents des deux chambres, les ministres, les députés et les sénateurs en foule, le bureau du conseil général de la Seine, et tant d’amis qu’il faut renoncer à les dire.

Et les villes de France, — Montpellier, Nancy, Compiègne, Saumur, Troyes, Melun, Tarascon, Abbeville, etc. ; les maires de Clermont-Ferrand, de Marseille, de Toul, au nom de leur conseil municipal, etc.

Et l’étranger, — les maçons italiens de Rome, le cercle Mazzini de Gênes, la colonie française de Londres, la Concordia, association des littérateurs de Vienne, l’association des écrivains et artistes de Buda-Pesth, etc. Les journaux de Londres avaient fait des éditions spéciales ; la Pall Mall Gazette donnait, le soir même du 22, un portrait de Victor Hugo.

Pour les amis inconnus, ils sont innombrables. À minuit et demi on venait encore s’inscrire en masse sur une petite table, éclairée

  1. Voir aux Notes les procès-verbaux de ces séances.