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DEPUIS L’EXIL. — 1881.

conseil municipal s’éloigne. Quelques flocons de neige tombent, mais les têtes de la foule sont toujours nues.


À onze heures et demie, on place devant la maison le buste doré de la République, que le sculpteur Francia vient d’envoyer à Victor Hugo, et la foule, qui grossit de plus en plus, crie : Vive Victor Hugo ! vive la république !

On commence à apercevoir au loin, du côté de l’Arc de Triomphe, des masses noires que dominent des bannières.

Les membres du comité d’organisation, avec les commissaires de la fête, sont à leur poste, Ils ont fait tendre devant la maison des rubans bleus et roses en guise de barrières, et ils contiennent sur les trottoirs la foule qui s’y est massée, attendant le défilé.

Pas un sergent de ville dans l’avenue, les commissaires de la fête font eux-mêmes garder l’avenue libre, et tout se prépare dans le plus grand ordre.

Le temps est gris, mais un grand souffle de joie et de fête passe sur tous les fronts.

Les amis, connus et inconnus, de Victor Hugo viennent apporter leurs cartes, qu’on entasse dans des corbeilles, à côté des fleurs et des couronnes.

Deux Chinois, en robe bleue, leur parapluie à la main, viennent se mêler à la foule, plus civilisés certes que ne pouvaient être des Hurons apportant leur hommage à Voltaire.

Un photographe arrive et installe son objectif devant la maison même, tandis que les dessinateurs des journaux illustrés prennent des croquis. Un peintre, M. H. Scott fait, au fond de la boite, comme on dit, debout, le pinceau à la main, malgré le froid, une étude peinte de l’entassement des fleurs et des couronnes au seuil du logis.


Cependant le cortège en marche s’est approché ; la Marseillaise retentit.

Il est midi. Le défilé commence.

Victor Hugo est à sa fenêtre, au premier étage. À ses côtés, personne autre que Georges et Jeanne.