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DEPUIS L’EXIL. — 1881.

Il est terrible ! mais très doux,
Et sans que son courroux s’allume
On peut fourrer sa tête sous
Sa Plume.

Nous sommes, en bouton encor,
Les fleurs de l’aurore prochaine,
Qui parfument les mousses d’or
Du Chêne.

… Nous sommes les petits enfants
Qui viennent gais, vifs, heureux d’être,
Fêter de rires triomphants
L’Ancêtre.

Si Jeanne et George sont jaloux,
Tant pis pour eux ! c’est leur affaire…
Et maintenant embrassez-nous,
Grand-Père !

On applaudit, Victor Hugo serre la main à ses amis et reçoit les bouquets que lui offrent les enfants.

« Je les accepte pour vous les offrir », dit le poëte à Mmes Léon Cladel et Gustave Rivet, qui reçoivent avec émotion ces souvenirs précieux.

Arrive M. Hérold, préfet de la Seine. Il présente au poëte ses enfants qui portent un bouquet. Victor Hugo offre à Mme Édouard Lockroy le bouquet de M. Hérold.

La députation sort de la maison, et au dehors tous les enfants des écoles demandent à voir Victor Hugo. Il paraît à sa fenêtre ; une immense acclamation retentit de toutes ces jeunes voix et de celles de la foule massée sur les trottoirs. Vive Victor Hugo ! vive Victor Hugo ! crient les enfants, en envoyant des baisers au poëte.

Les écoles défilent et s’éloignent.

Victor Hugo déjeune alors avec ses petits-enfants et M. et Mme Lockroy. Déjeuner de famille. Aucun invité.

La foule grossit toujours autour du logis. Lui n’a rien changé à ses habitudes ; il a dû travailler ce matin comme chaque jour, et son déjeuner a lieu sans aucun apparat.

Une nouvelle députation des écoles arrive. Victor Hugo se montre à la fenêtre du petit salon de gauche, et salue les enfants de la main avec son paternel sourire.