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DEPUIS L’EXIL.
DISCOURS DE M. LECONTE DE L’ISLE
au nom des poètes

C’est avec le profond sentiment de mon insuffisance que j’ose adresser, au nom de la poésie et des poëtes, le suprême adieu de ses disciples fidèles, respectueux et dévoués, au maître glorieux qui leur a enseigné la langue sacrée. Puisse ma gratitude infinie et ma religieuse admiration pour notre maître à tous me faire pardonner la faiblesse de mes paroles !

Messieurs,

Nous pleurons sans doute le grand homme qui a daigné nous honorer de sa bienveillance inépuisable, de sa bonté d’aïeul indulgent ; mais nous saluons aussi, avec un légitime orgueil filial, dans la sérénité de sa gloire, du fond de nos cœurs et de nos intelligences, le plus grand des poëtes, celui dont le génie a toujours été et sera toujours pour nous la lumière vivante qui ne cessera de nous guider vers la beauté immortelle, qui désormais a vaincu la mort, et dont la voix sublime ne se taira plus parmi les hommes.

Adieu et salut, maître très illustre et très vénéré, éternel honneur de la France, de la République et de l’humanité !


DISCOURS DE M. PHILIPPE JOURDE
au nom de la presse parisienne
Messieurs,

La presse parisienne m’a fait un honneur dont je sens le prix en me chargeant de dire, en son nom, un dernier adieu au grand mort que nous pleurons.

En ce jour où tant de voix éloquentes s’élèvent pour célébrer cette illustre mémoire, la presse ne pouvait garder le silence sans manquer à un devoir sacré.

N’a-t-elle pas, elle aussi, une dette de reconnaissance à acquitter envers Victor Hugo ?

Le journal n’était pas seulement pour Victor Hugo une des plus belles manifestations de la pensée humaine : il était à ses yeux l’instrument du progrès, le flambeau de la civilisation : Le journal était pour lui l’avant-coureur du livre dans les masses profondes de notre société démocratique.