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DEPUIS L’EXIL.

est digne cependant d’obtenir enfin ses libertés communales, son autonomie municipale qu’il réclame depuis si longtemps.

La reconnaissance de Paris envers Victor Hugo sera éternelle. Paris s’est honoré en envoyant Victor Hugo le représenter dans les assemblées législatives. Le conseil municipal, par trois fois, l’a élu délégué sénatorial et a attaché son nom à l’une des plus belles avenues de Paris. Dès que le bruit de sa mort s’est répandu dans la ville, le conseil municipal a cru qu’il était de son devoir de demander pour Victor Hugo le triomphe du Panthéon. Il s’est empressé, avant de lever sa séance en signe de deuil, d’émettre un vœu tendant à restituer le Panthéon aux grands hommes. Le gouvernement a donné satisfaction à ce vœu de la population parisienne, et Victor Hugo va reposer au Panthéon, au milieu de la jeunesse des écoles, qui professe pour lui la plus grande vénération.

Je résume en ces mots la vie de Victor Hugo : Grandeur d’âme, bonté, clémence, fraternité, civilisation.

Paris, reconnaissant à Victor Hugo, s’associe aujourd’hui à l’univers entier pour pleurer un mort et pour saluer un immortel. Le travailleur s’en est allé, mais son travail subsiste impérissable.

Honneur et gloire à Victor Hugo, le génie de l’humanité !


DISCOURS DE M. LEFÈVRE
vice-president du conseil general de la seine
Messieurs,

Dans ce jour de deuil, au nom du conseil général de la Seine, je viens rendre un suprême hommage à Victor Hugo.

Au milieu d’une manifestation nationale, si superbement méritée par tant d’œuvres éclatantes, le département de la Seine témoigne au grand mort son admiration sans bornes. Il se souvient avec orgueil qu’il a deux fois envoyé siéger au sénat celui que toutes les bouches ont raison de proclamer aujourd’hui le premier des poëtes et le plus grand des Français.

Nous, ses électeurs, nous avons principalement admiré le démocrate aussi dévoué qu’inébranlable.

Sans doute, avec tout le monde civilisé, nous savions l’immensité de son génie ; sans doute nous savions la ciselure merveilleuse et la majesté de son langage ; nous savions que jamais front plus inspiré ne rayonna parmi les humains ; et, pour tout dire en un mot, nous savions que le dix-neuvième siècle, si étincelant de