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DEPUIS L’EXIL.

« Aimez-vous ! » Ces deux mots qui changèrent le monde
Et vainquirent le Mal et ses rébellions,
Comme autrefois, redits avec ta voix profonde,
Émeuvent les rochers et domptent les lions.

Oh ! parle ! que ton chant merveilleux retentisse !
Dis-nous en tes récits, pleins de charmants effrois,
Comment quelque Roland armé pour la justice
Pour sauver un enfant égorge un tas de rois !

Ô maître bien-aimé, qui sans cesse t’élèves,
La France acclame en toi le plus grand de ses fils !
Elle bénit ton front plein d’espoir et de rêves !
Et tes cheveux pareils à la neige des lys !

Ton œuvre, dont le Temps a soulevé les voiles,
S’est déroulée ainsi que de riches colliers,
Comme, après des milliers et des milliers d’étoiles,
Des étoiles au ciel s’allument par milliers.

Oh ! parle ! ravis-nous, poète ! chante encore,
Effaçant nos malheurs, nos deuils, l’antique affront ;
Et donne-nous l’immense orgueil de voir éclore
Les chefs-d’œuvre futurs qui germent sous ton front !

Mmes Croizette, Bartet, Barretta, Dudlay, MM. Mounet-Sully, Lafontaine, Worms, Maubant, Porel, Albert Lambert, lisent des vers de Victor Hugo. M. Faure chante le Crucifix. Et ce sont des acclamations et des rappels sans fin.

Dans la soirée, la louange du poète a retenti sur toutes les grandes scènes de Paris : poésie d’Ernest d’Hervilly à l’Odéon, d’Émile Blémont à la Gaîté, de Gustave Rivet au Châtelet, de Bertrand Millanvoye au théâtre des Nations.

À la maison de Victor Hugo, ce sont des vers d’Armand Silvestre et d’Henri de Bornier qui arrivent, avec les adresses de toutes les villes de la France, de l’Europe et du Nouveau-Monde.