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DEPUIS L’EXIL. — 1877.

(Bruit et protestations à droite. — À gauche : N’interrompez pas ! — M. le président : Faites silence ! — À gauche : C’est à la droite qu’il faut dire cela !)

… Si l’étranger profitait de cette paralysie de la France, si… je m’arrête.

Ici, messieurs, la situation apparaît tellement grave, que nous avons pu voir dans les bureaux du sénat des membres du cabinet faire appel à notre patriotisme et nous demander de ne pas insister.

Nous n’insistons pas.

Mais nous nous retournons vers le pouvoir personnel, et nous lui disons :

La guerre extérieure actuelle ajoutée à la crise intérieure faite par vous crée une situation telle que, de votre aveu, l’on ne peut pas même sonder ce qui est possible. Pourquoi alors faire cette crise ? Puisque vous avez le choix du moment, pourquoi choisir ce moment-ci ? Vous n’avez aucun reproche sérieux à faire à la chambre des députés ; le mot radical appliqué à ses tendances ou à ses actes est vide de sens. La chambre a eu le très grand tort, à mes yeux, de ne pas voter l’amnistie ; mais je ne suppose pas que ce soit là votre grief contre elle. (Sourires à gauche.) La chambre des députés a poussé l’esprit de conciliation et de consentement jusqu’à partager avec le sénat son privilége en matière d’impôts, c’est-à-dire qu’elle a fait en France plus de concessions au sénat que la chambre des communes n’en fait en Angleterre à la chambre des lords. (À gauche : C’est vrai !) La chambre des députés, à part les turbulences de la droite, est modérée, parlementaire et patriote ; seulement il y a entre elle, chambre nationale, et vous, pouvoir personnel, incompatibilité d’humeur ; vous avez, à ce qu’il parait, des théories politiques qui font mauvais ménage avec les théories politiques de la chambre des députés, et vous voulez divorcer. Soit. Mais il n’y a là aucune urgence. Pourquoi prendre l’heure la plus périlleuse ? Dissoudre la chambre en ce moment, c’est désarmer la France. (Mouve-