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DEPUIS L’EXIL. — 1880.

Le Rappel donne ce récit de la journée :

… La foule est immense sur la place du Capitole, sur les balcons, aux fenêtres.

Une vaste estrade a été dressée, toute fleurie d’arbustes charmants. Elle est recouverte d’un haut pavillon, constellé des initiales V. H. sur fond d’or.

En face de l’estrade, la maison où est né Victor Hugo.

Cette maison, qu’habitait en 1802 le commandant Hugo, père du poète de la Légende des Siècles, s’élève dans la Grande-Rue qui conduit à la citadelle. Une place, ornée d’une fontaine, monumentale, s’étend devant la maison célèbre.

La maison a deux étages et cinq fenêtres de front. Les deux fenêtres, à droite de la porte d’entrée, au premier étage, éclairent une vaste chambre, celle où Victor Hugo est né.

Le large toit flamand a deux rangées de mansardes espagnoles, surmontées de frontons terminés par des boules de pierre. L’une de ces boules, celle du milieu, se termine par trois feuilles de chêne en granit sculpté. Celui qui a sculpté ces feuilles de chêne savait-il quel grand front elles couronneraient ?

Les fenêtres sont aujourd’hui remplies de larges camélias en fleurs et surmontées d’écussons peints et dorés sur lesquels on lit : Hernani — Ruy Blas — Les Orientales, etc.

Une immense guirlande de bois émaillée de roses brode la frise et la corniche du toit et encadre en retombant la sixième croisée du premier étage, qui est du quinzième siècle.

Cette ouverture étrange, formée de deux croisées jumelles à ogive, fait partie de la maison voisine ; mais elle appartenait alors à l’appartement du commandant Léopold Hugo, et encore aujourd’hui la chambre sur laquelle elle s’ouvre est annexée à l’immeuble du présent propriétaire.

Ainsi, la maison où Victor Hugo est né, située sur l’emplacement d’un ancien capitole romain, donne la main à une maison contemporaine de Notre-Dame de Paris.

Autre coïncidence : à dix mètres de cette maison illustre se dresse une magnifique colonnade antique qui a été retrouvée en 1870 avec plusieurs chapiteaux et fragments de statues antiques. Ces restes d’un ancien théâtre romain semblent être sortis de terre pour saluer le glorieux représentant du théâtre moderne.

À quelques pas se dresse un arc de triomphe du temps de Marc-Aurèle.