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DEPUIS L’EXIL. — BRUXELLES.

Les chaînes menacer mon ennemi, je l’aime,
Et je donne un asile à mon proscripteur même ;
Ce qui fait qu’il est bon d’avoir été proscrit.
Je sauverais Judas si j’étais Jésus-Christ.

Celui qui avait écrit cette déclaration n’attendait qu’une occasion de la mettre en pratique. Elle ne tarda pas à se présenter.

Le 25 mai 1871, interpellé dans la Chambre des représentants de Belgique au sujet de la défaite de la Commune et des événements de Paris, M. d’Anethan, ministre des affaires étrangères, fait, au nom du gouvernement belge, la déclaration qu’on va lire :

m. d’anethan. — Je puis donner à la Chambre l’assurance que le gouvernement saura remplir son devoir avec la plus grande fermeté et avec la plus grande vigilance ; il usera des pouvoirs dont il est armé pour empêcher l’invasion sur le sol de la Belgique de ces gens qui méritent à peine le nom d’hommes et qui devraient être mis au ban de toutes les nations civilisées. (Vive approbation sur tous les bancs.)

Ce ne sont pas des réfugiés politiques ; nous ne devons pas les considérer comme tels.

Des voix : Non ! non !

m. d’anethan. — Ce sont des hommes que le crime a souillés et que le châtiment doit atteindre. (Nouvelles marques d’approbation.)

Le 27 mai paraît la lettre suivante :

à m. le rédacteur de lIndépendance belge.
Bruxelles, 20 mai 1871.
Monsieur,

Je proteste contre la déclaration du gouvernement belge relative aux vaincus de Paris.

Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, ces vaincus sont des hommes politiques.

Je n’étais pas avec eux.

J’accepte le principe de la Commune, je n’accepte pas les hommes.

J’ai protesté contre leurs actes, loi des otages, repré-