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II

LES RUES ET MAISONS DU VIEUX BLOIS

à m. a. queyroy
Hauteville-House, 17 avril 1864.

Monsieur, je vous remercie. Vous venez de me faire revivre dans le passé. Le 17 avril 1825, il y a trente-neuf ans aujourd’hui même (laissez-moi noter cette petite coïncidence intéressante pour moi), j’arrivais à Blois. C’était le matin. Je venais de Paris. J’avais passé la nuit en malle-poste, et que faire en malle-poste ? J’avais fait la ballade des Deux Archers ; puis, les derniers vers achevés, comme le jour ne paraissait pas encore, tout en regardant à la lueur de la lanterne passer à chaque instant des deux côtés de la voiture des troupes de bœufs de l’Orléanais descendant vers Paris, je m’étais endormi. La voix du conducteur me réveilla. — Voilà Blois ! me cria-t-il. J’ouvris les yeux et je vis mille fenêtres à la fois, un entassement irrégulier et confus de maisons, des clochers, un château, et sur la colline un couronnement de grands arbres et une rangée de façades aiguës à pignons de pierre au bord de l’eau, toute une vieille ville en amphithéâtre, capricieusement répandue sur les saillies d’un plan incliné, et, à cela près que l’Océan est plus large que la Loire et