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NOTES. — 1866.

uniquement à leur mauvaise nourriture, et que s’ils pouvaient manger de la viande et boire du vin seulement une fois par mois, cela suffirait pour les préserver de tous les maux qui tiennent à l’appauvrissement du sang, c’est-à-dire non seulement des maladies scrofuleuses, mais aussi des affections du cœur, des poumons et du cerveau. L’anémie ou appauvrissement du sang rend en outre les enfants sujets à une foule de maladies contagieuses, telles que le croup et l’angine couenneuse, dont une bonne nourriture prise une fois par mois suffirait pour les exempter.

« Les conclusions de ce travail fait par l’Académie ont frappé profondément M. Victor Hugo. Distrait à Paris par les occupations de la vie publique, il n’a pas eu le temps d’organiser dans sa patrie des dîners d’enfants pauvres. Mais il a, dit-il, profité du loisir que l’empereur des Français lui a fait à Guernesey pour mettre son idée à exécution.

« Pensant que si un bon dîner par mois peut faire tant de bien, un bon dîner tous les quinze jours doit en faire encore plus, il nourrit quarante-deux enfants pauvres, dont la moitié, vingt et un, viennent chez lui chaque semaine. — Puis, quand arrive la fin de l’année, il veut leur donner la petite joie que tous les enfants riches ont dans leurs familles ; ils veut qu’ils aient leur Christmas. Cette petite fête annuelle se compose de trois parties : d’un luncheon, d’une distribution de vêtements, et d’une distribution de jouets. « Car la joie, dit M. Victor Hugo, fait partie de la santé de l’enfance. C’est pourquoi je leur dédie tous les ans un petit arbre de Noël. C’est aujourd’hui la cinquième célébration de cette fête.

« Maintenant, continue M. Victor Hugo, pourquoi dis-je tout cela ? Le seul mérite d’une bonne action (si bonne action il y a) c’est de la taire. Je devrais me taire en effet si je ne pensais qu’à moi. Mais mon but n’est pas seulement de faire du bien à quarante pauvres petits enfants. Mon but est surtout de donner un exemple utile. Voilà mon excuse. »

« L’exemple que donne M. Victor Hugo est si bien suivi, que les résultats obtenus sont vraiment admirables. Il pourrait citer l’Amérique, la Suède, la Suisse, où un nombre considérable d’enfants pauvres sont régulièrement nourris, l’Italie, et même l’Espagne, où cette bonne œuvre commence ; il ne parlera que de l’Angleterre, que de Londres, avec les preuves en main.

« Ici M. Victor Hugo lit des extraits d’une lettre écrite par un gentleman anglais au Petit Journal.

« Donc, frappés du spectacle navrant qu’offrent les écoles des quartiers pauvres de Londres, profondément émus à la vue des enfants blêmes et chétifs qui les fréquentent, alarmés des rapides progrès que fait la débilité parmi les générations des villes, débi-