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LA PEINE DE MORT.

À M. PEDRO DE BRITO ARANHA
Hauteville-House, 15 juillet.

Votre noble lettre me fait battre le cœur.

Je savais la grande nouvelle ; il m’est doux d’en recevoir par vous l’écho sympathique.

Non, il n’y a pas de petits peuples.

Il y a de petits hommes, hélas !

Et quelquefois ce sont ceux qui mènent les grands peuples.

Les peuples qui ont des despotes ressemblent à des lions qui auraient des muselières.

J’aime et je glorifie votre beau et cher Portugal. Il est libre, donc il est grand.

Le Portugal vient d’abolir la peine de mort.

Accomplir ce progrès, c’est faire le grand pas de la civilisation.

Dès aujourd’hui le Portugal est à la tête de l’Europe.

Vous n’avez pas cessé d’être, vous portugais, des navigateurs intrépides. Vous allez en avant, autrefois dans l’océan, aujourd’hui dans la vérité. Proclamer des principes, c’est plus beau encore que de découvrir des mondes.

Je crie : Gloire au Portugal, et à vous : Bonheur !

Je presse votre cordiale main.

V. H.