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CALOMNIES IMPÉRIALES.

« La Patrie (de Jersey) fait précéder le discours des lignes que voici :

« Le convoi s’est acheminé vers Saint-Jean, dans le plus grand ordre et dans un silence religieux.

« Là, en présence d’une foule nombreuse venue pour entendre sa parole, M. Victor Hugo a prononcé le beau discours que nous reproduisons. »

« Enfin l’Impartial :

« Le cadavre, retiré du corbillard, fut porté à bras sur le bord de la fosse, et quand il y eut été descendu et avant qu’on le couvrit de terre, Victor Hugo, que chacun était si impatient d’entendre, prononça, au milieu du plus religieux silence et de plus de quatre cents auditeurs, de cette voix mâle avec laquelle il défendait la république, avec cet accent irrésistible qui est le résultat de la conviction, de la foi dans ses opinions, Victor Hugo, disons-nous, prononça le discours suivant, dont la gravité s’augmentait encore du lieu où il était prononcé et des circonstances. Aussi fut-il écouté avec une avidité que nous ne saurions dépeindre et qui ne peut être comparée qu’à la vive impression qu’il produisit. »

« Ce dernier journal, l’Impartial de Jersey, se faisait du reste une idée assez juste de la bonne foi d’une certaine espèce de journaux en France ; seulement, dans cette occasion, il attribuait à tort au Constitutionnel une idée qui ne devait venir qu’à la Patrie. Voici ce que disait, en publiant le discours de mon père et en rendant compte de l’effet produit, l’Impartial :

« Le véridique Constitutionnel de Paris nous dira sans doute, dans quelques jours, combien il aura fallu employer de sergents de ville et de gendarmes pour maintenir le bon ordre, durant les funérailles de Jean Bousquet, le second proscrit du 2 décembre qui meurt depuis dix jours ; il nous racontera, bien certainement, avec sa franchise et sa loyauté habituelles, combien les autorités auront été obligées d’appeler de bataillons pour réprimer l’émeute excitée par les chaleureuses paroles du grand orateur, par cette voix si puissante et si émouvante. »

« Je pourrais, monsieur le rédacteur, borner là cette réponse ; permettez-moi pourtant d’ajouter encore, non une réflexion, mais un fait. Le journal la Patrie, qui insulte aujourd’hui mon père proscrit, publia, il y a deux ans, au mois de juillet 1851, un article injurieux contre l’Événement. Nous fîmes demander à la Patrie ou une rétractation ou une réparation par les armes ; la Patrie préféra une rétractation. Elle s’exécuta en ces termes :

« En présence des explications échangées entre les témoins de M. Charles Hugo et ceux de M. Mayer, M. Mayer déclare retirer purement et simplement son article. »

« On remarquera que le rédacteur de la Patrie, auteur de l’offense