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VII



Les paroles de Victor Hugo émurent le parlement. Un membre de la majorité, familier des Tuileries, somma le gouvernement anglais de mettre fin à la « querelle personnelle » entre M. Louis Bonaparte et M. Victor Hugo. Victor Hugo sentit qu’il était nécessaire que le proscrit remît à sa place l’empereur et qu’il fallait rendre à M. Bonaparte le sentiment de sa situation vraie ; et il publia dans les journaux anglais ce qu’on va lire :



AVERTISSEMENT



Je préviens M. Bonaparte que je me rends parfaitement compte des ressorts qu’il fait mouvoir et qui sont à sa taille, et que j’ai lu avec intérêt les choses dites à mon sujet, ces jours passés, dans le parlement anglais. M. Bonaparte m’a chassé de France pour avoir pris les armes contre son crime, comme c’était mon droit de citoyen et mon devoir de représentant du peuple ; il m’a chassé de Belgique pour Napoléon le Petit; il me chassera peut-être d’Angleterre pour les protestations que j’y ai faites, que j’y fais et que je continuerai d’y faire. Cela regarde l’Angleterre plus que moi. Un triple exil n’est rien. Quant à moi, l’Amérique est bonne, et, si elle convient à M. Bonaparte, elle me convient aussi. J’avertis seulement M. Bonaparte qu’il n’aura pas plus raison de moi, qui suis l’atome, qu’il n’aura raison de la vérité et de la justice qui sont Dieu même. Je déclare au Deux-Décembre en sa personne que l’expiation