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IV


APPEL AUX CONCITOYENS


14 juin 1854.



Il devient urgent d’élever la voix et d’avertir les cœurs fidèles et généreux. Que ceux qui sont dans le pays se souviennent de ceux qui sont hors du pays. Nous, les combattants de la proscription, nous sommes entourés de détresses héroïques et inouïes. Le paysan souffre loin de son champ, l’ouvrier souffre loin de son atelier ; pas de travail, pas de vêtements, pas de souliers, pas de pain ; et au milieu de tout cela des femmes et des enfants ; voilà où en sont une foule de proscrits. Nos compagnons ne se plaignent pas, mais nous nous plaignons pour eux. Les despotes, M. Bonaparte en tête, ont fait ce qu’il faut, la calomnie, la police et l’intimidation aidant, pour empêcher les secours d’arriver à ces inébranlables confesseurs de la démocratie et de la liberté. En les affamant, on espère les dompter. Rêve. Ils tomberont à leur poste. En attendant, le temps se passe, les situations s’aggravent, et ce qui n’était que de la misère devient de l’agonie. Le dénûment, la nostalgie et la faim déciment l’exil. Plusieurs sont morts déjà. Les autres doivent-ils mourir ?

Concitoyens de la république universelle, secourir l’homme qui souffre, c’est le devoir ; secourir l’homme qui souffre pour l’humanité, c’est plus que le devoir.

Vous tous qui êtes restés dans vos patries et qui avez