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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

quences fussent décidément fatales à l’honneur de mon pays, j’aurais du moins rétabli, autant qu’il était en moi, l’intention purement humaine et libérale de l’assemblée constituante, et la pensée de l’expédition protestera contre le résultat de l’expédition. (Bravos.)

Maintenant, comment l’expédition a dévié de son but, vous le savez tous ; je n’y insiste pas, je traverse rapidement des faits accomplis que je déplore, et j’arrive à la situation.

La situation, la voici :

Le 2 juillet, l’armée est entrée dans Rome. Le pape a été restauré purement et simplement ; il faut bien que je le dise. (Mouvement.) Le gouvernement clérical, que pour ma part je distingue profondément du gouvernement pontifical tel que les esprits élevés le comprennent, et tel que Pie IX un moment avait semblé le comprendre, le gouvernement clérical a ressaisi Rome. Un triumvirat en a remplacé un autre. Les actes de ce gouvernement clérical, les actes de cette commission des trois cardinaux, vous les connaissez, je ne crois pas devoir les détailler ici ; il me serait difficile de les énumérer sans les caractériser, et je ne veux pas irriter cette discussion. (Rires ironiques à droite.)

Il me suffira de dire que dès ses premiers pas l’autorité cléricale, acharnée aux réactions, animée du plus aveugle, du plus funeste et du plus ingrat esprit, blessa les cœurs généreux et les hommes sages, et alarma tous les amis intelligents du pape et de la papauté. Parmi nous l’opinion s’émut. Chacun des actes de cette autorité fanatique, violente, hostile à nous-mêmes, froissa dans Rome l’armée et en France la nation. On se demanda si c’était pour cela que nous étions allés à Rome, si la France jouait là un rôle digne d’elle, et les regards irrités de l’opinion commencèrent à se tourner vers notre gouvernement. (Sensation.)

C’est en ce moment qu’une lettre parut, lettre écrite par le président de la république à l’un de ses officiers d’ordonnance envoyé par lui à Rome en mission.

M. Desmousseaux de Givré. — Je demande la parole. (On rit.)

M. Victor Hugo. — Je vais, je crois, satisfaire l’honorable