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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

le point d’où nous sommes partis, pour faire mieux juger le point où nous sommes arrivés.

Messieurs, après la bataille de Novare, le projet de l’expédition de Rome fut apporté à l’assemblée constituante. M. le général de Lamoricière monta à cette tribune, et nous dit : L’Italie vient de perdre sa bataille de Waterloo, — je cite ici en substance des paroles que tous vous pouvez retrouver dans le Moniteur, — l’Italie vient de perdre sa bataille de Waterloo, l’Autriche est maîtresse de l’Italie, maîtresse de la situation ; l’Autriche va marcher sur Rome comme elle a marché sur Milan, elle va faire à Rome ce qu’elle a fait à Milan, ce qu’elle a fait partout, proscrire, emprisonner, fusiller, exécuter. Voulez-vous que la France assiste les bras croisés à ce spectacle ? Si vous ne le voulez pas, devancez l’Autriche, allez à Rome. — M. le président du conseil s’écria : La France doit aller à Rome pour y sauvegarder la liberté et l’humanité. — M. le général de Lamoricière ajouta : Si nous ne pouvons y sauver la république, sauvons-y du moins la liberté. — L’expédition romaine fut votée.

L’assemblée constituante n’hésita pas, messieurs. Elle vota l’expédition de Rome dans ce but d’humanité et de liberté que lui montrait M. le président du conseil ; elle vota l’expédition romaine afin de faire contre-poids à la bataille de Novare ; elle vota l’expédition romaine afin de mettre l’épée de la France là où allait tomber le sabre de l’Autriche (mouvement) ; elle vota l’expédition romaine… — j’insiste sur ce point, pas une autre explication ne fut donnée, pas un mot de plus ne fut dit ; s’il y eut des votes

    M. Edgard Ney, une lettre, qui fut rendue publique, où il manifestait son désir d’obtenir du pape des institutions en faveur de la population des états romains.

    Le pape ne tint aucun compte de la recommandation de son restaurateur, et publia une bulle qui consacrait le despotisme le plus absolu du gouvernement clérical dans son domaine temporel.

    La question romaine, déjà débattue plusieurs fois dans le sein de l’assemblée législative, y fut agitée de nouveau, à propos d’une demande de crédits supplémentaires, dans les séances du 18 et du 19 octobre 1849.

    C’est dans cette discussion que M. Thuriot de la Rosière soutint que Rome et la papauté étaient la propriété indivise de la catholicité.

    Victor Hugo soutint au contraire, la thèse « si chère à l’Italie, dit-il, de la sécularisation et de la nationalité ». (Note de l’éditeur)