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M. BAROCHE ET VICTOR HUGO.

enfin exigé, comme j’en ai le droit, la parole. (À gauche : Oui ! oui !)

Messieurs, entre le 15 mai et le 23 juin, dans un moment où une sorte d’effroi bien justifié saisissait les cœurs les plus profondément dévoués à la cause populaire, j’ai adressé à mes concitoyens la déclaration que je vais vous lire.

Rappelez-vous que des tentatives anarchiques avaient été faites contre le suffrage universel, siégeant ici dans toute sa majesté ; j’ai toujours combattu toutes les tentatives contre le suffrage universel, et, à l’heure qu’il est, je les repousse encore en combattant cette fatale loi du 31 mai. (Vifs applaudissements à gauche.)

Entre le 15 mai et le 23 juin donc, je fis afficher sur les murailles de Paris la déclaration suivante adressée aux électeurs, déclaration dont M. Baroche a lu la première partie, et dont, malgré mon insistance, il n’a pas voulu lire la seconde ; je vais la lire… (Interruption à droite.)

Voix nombreuses à droite. — Lisez tout ! tout ! Lisez-la tout entière !

Un membre à droite, avec insistance. — Tout ou rien ! tout ou rien.

M. Victor Hugo. — Vous avez déjà entendu la première partie, elle est présente à tous vos esprits. Du reste rien n’est plus simple ; je veux bien relire ce qui a été lu. Ce n’est que du temps perdu.

M. Lebœuf. — Nous exigeons tout ! tout ou rien !

M. Victor Hugo, à M. Lebœuf. — Ah ! vous prétendez me dicter ce que je dois être et ce que je dois faire à cette tribune ! En ce cas c’est différent. Puisque vous exigez, je refuse. (À gauche : Très bien ! vous avez raison.) Je lirai seulement ce que M. Baroche a eu l’indignité de ne pas lire. (Très bien ! Très bien !)

(Un long désordre règne dans l’assemblée ; la séance reste interrompue pendant quelques instants.)

M. Victor Hugo. — Je lis donc : « Deux républiques sont possibles… » — M. Baroche a lu ce qui était relatif à la première de ces républiques ; dans ma pensée, c’est la république qu’on pouvait redouter à cette époque du 15 mai et du 23 juin… (Interruption.) Je reprends la lecture où M. Baroche l’a laissée… (Interruption.)

À Droite. — Non ! non ! tout !

M. le président. — La gauche est silencieuse ; faites comme elle, écoutez !

M. Victor Hugo. — Écoutez donc, messieurs, un homme qui, visiblement, et grâce à vos violences d’hier (À gauche : Très bien ! Très bien !), peut à peine parler. (La voix de l’orateur est, en effet, pro-