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NOTES. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

ne vont pas l’une sans l’autre, la planche aux assignats et la bascule de la guillotine ; en un mot, fera froidement ce que les hommes de 93 ont fait ardemment, et, après l’horrible dans le grand, que nos pères ont vu, nous montrera le monstrueux dans le petit… »

M. Victor Hugo, se levant. — Lisez tout !

M. Baroche reprend. — Voilà, messieurs, un langage qui contraste singulièrement avec celui que vous avez entendu hier…

M. Victor Hugo. — Mais lisez donc tout !

M. Baroche, continuant. — Voilà l’homme qui reprochait à cette majorité de ruser comme le renard, pour combattre le lion révolutionnaire. Voilà l’homme qui, dans des paroles qu’il a vainement cherché à rétracter, accusait la majorité, une partie du moins de cette majorité, de se mettre à plat ventre et d’écouter si elle n’entendait pas venir le canon russe. ..........................

M. Victor Hugo, à la tribune. — Je déclare que M. Baroche n’a articulé que d’infâmes calomnies ; qu’il a, malgré mes sommations de tout lire, tronqué honteusement une citation. J’ai le droit de lui répondre. (À gauche : Oui ! oui ! — À droite : Non ! non !)

À Gauche. — Parlez ! parlez ! (Bruit prolongé.)

M. le président. — Quand un orateur n’est pas mêlé au débat, et qu’un autre implique sa personne dans la discussion, il peut demander la parole et dire : Pourquoi vous adressez-vous à moi ? Mais quand un orateur inscrit a parlé à son tour pendant trois heures et demie, et qu’on prononce son nom en lui répondant, il n’y a pas là fait personnel, il ne peut exiger la parole sur cela. (Rumeurs nombreuses.)

M. Jules Favre. — Je demande la parole.

M. le président. — La parole appartient à M. Dufaure, je ne puis vous la donner.

M. Jules Favre. — J’ai demandé la parole pour un rappel au règlement. Je n’ai à faire qu’une simple observation (Parlez ! parlez !), j’ai le droit d’être entendu.

L’art. 45 du règlement, qui accorde la parole pour un fait personnel, est un article absolu qui protège l’honneur de tous les membres de l’assemblée. Il n’admet pas la distinction qu’a voulu établir M. le président ; je soutiens que M. Victor Hugo a le droit d’être entendu.

VOIX NOMBREUSES, à Victor Hugo. — Parlez ! parlez !

M. Victor Hugo. — La réponse que j’ai à faire à M. Baroche porte sur deux points.

Le premier point porte sur un document qui n’a été lu qu’en partie ; l’autre est relatif à un fait qui s’est passé hier dans l’assemblée.

L’assemblée doit remarquer que ce n’a été que lorsqu’une agression personnelle m’a été adressée pour la troisième fois que j’ai