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AVANT L’EXIL. — ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

— C’est moi.

M. Victor Hugo. — Qui, vous ?

L’interrupteur. — Moi !

M. Victor Hugo. — Soit. Taisez-vous.

L’interrupteur. — Nous n’en voulons pas entendre davantage. La mauvaise littérature fait la mauvaise politique. Nous protestons au nom de la langue française et de la tribune française. Portez tout ça à la Porte-Saint-Martin, monsieur Victor Hugo.

M. Victor Hugo. — Vous savez mon nom, à ce qu’il paraît, et moi je ne sais pas le vôtre. Comment vous appelez-vous ?

L’interrupteur. — Bourbousson.

M. Victor Hugo. — C’est plus que je n’espérais. (Long éclat de rire sur tous les bancs. L’interrupteur regagne sa place.)

M. Victor Hugo, reprenant… — Donc, monsieur Bourbousson dit qu’il faudrait m’appliquer la censure.

M. Voix à droite. — Oui ! oui !

M. Victor Hugo. — Pourquoi ? Pour avoir qualifié comme c’est mon droit… (dénégations à droite) pour avoir qualifié les auteurs des pamphlets césaristes… (Réclamations à droite. — M. Victor Hugo se penche vers le sténographe du Moniteur et lui demande communication immédiate de la phrase de son discours qui a provoqué l’émotion de l’assemblée.)

M. Voix à droite. — M. Victor Hugo n’a pas le droit de faire changer la phrase au Moniteur.

M. le président. — L’assemblée s’est soulevée contre les paroles qui ont dû être recueillies par le sténographe du Moniteur. Le rappel à l’ordre s’applique à ces paroles, telles que vous les avez prononcées, et qu’elles resteront certainement. Maintenant, en vous expliquant, si vous les changez, l’assemblée sera juge.

M. Victor Hugo. — Comme le sténographe du Moniteur les a recueillies de ma bouche… (Interruptions diverses.)

Plusieurs membres. — Vous les avez changées ! — Vous avez parlé au sténographe ! (Bruit confus.)

M. de Panat, questeur, et autres membres. — Vous n’avez rien à craindre. Les paroles paraîtront au Moni-