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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

M. Soubies. — Elle doit exister pour tous et non pour un seul.

M. le président. — Monsieur, l’assemblée est la même ; les orateurs changent. C’est à l’orateur à faire l’auditeur, on vous l’a dit avant-hier ; c’est M. Michel (de Bourges) qui vous l’a dit.

M. Lamarque. — Il a dit le contraire.

M. le président. — C’est ma variante.

M. Michel (de Bourges), de sa place. — Monsieur le président, voulez-vous me permettre un mot ? (Signe d’assentiment de M. le président. )

Vous avez changé les termes de ce que j’ai dit hier. Ce que j’ai dit ne vient pas de moi ; c’est le plus grand orateur du dix-septième siècle qui l’a dit, c’est Bossuet. Il n’a pas dit que l’orateur faisait l’auditeur ; il a dit que c’était l’auditeur qui faisait l’orateur. (À gauche : Très bien ! très bien !)

M. le président. — En renversant les termes de la proposition, il y a une vérité qui est la même ; c’est qu’il y a une réaction nécessaire de l’orateur sur l’assemblée et de l’assemblée sur l’orateur. C’est Royer-Collard lui-même qui, désespérant de faire écouter certaines choses, disait aux orateurs : Faites qu’on vous écoute.

Je déclare qu’il m’est impossible de procurer le même silence à tous les orateurs, quand ils sont aussi dissemblables. (Hilarité bruyante sur les bancs de la majorité. — Rumeurs et interpellations diverses à gauche.)

M. Émile de Girardin. — Est-ce que l’injure est permise ?

M. Charras. — C’est une impertinence.

M. Victor Hugo. — Messieurs, à la citation de Royer-Collard que vient de me faire notre honorable président, je répondrai par une citation de Sheridan, qui disait : — Quand le président cesse de protéger l’orateur, c’est que la liberté de la tribune n’existe plus. — (Applaudissements répétés à gauche.)

M. Arnaud (de l’Ariège). — Jamais on n’a vu une pareille partialité.

M. Victor Hugo. — Eh bien ! messieurs, que vous disais-je ? Je vous disais, — et je rattache cela à l’agression dirigée aujourd’hui contre la république, et je prétends