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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

se continue par des empiétements du trône sur le parlement, du pouvoir sur le droit, de la royauté sur la nation, par des luttes dans les chambres, par des résistances dans la presse, par des murmures dans l’opinion, par des procès où le zèle emphatique et maladroit des magistrats qui veulent plaire avorte devant l’énergie des écrivains (vifs applaudissements à gauche) ; qui se continue par des violations de chartes où trempent les majorités complices (Très bien ! ), par des lois de compression, par des mesures d’exception, par des exactions de police d’une part, par des sociétés secrètes et des conspirations de l’autre, — et qui finit… — Mon Dieu ! cette place que vous traversez tous les jours pour venir à ce palais ne vous dit donc rien ? (Interruption. — À l’ordre ! à l’ordre ! ) Mais frappez du pied ce pavé qui est à deux pas de ces funestes Tuileries que vous convoitez encore ; frappez du pied ce pavé fatal, et vous en ferez sortir, à votre choix, l’échafaud qui précipite la vieille monarchie dans la tombe, ou le fiacre qui emporte la royauté nouvelle dans l’exil ! (Applaudissements prolongés à gauche. — Murmures. Exclamations.)

M. le président. — Mais qui menacez-vous donc là ? Est-ce que vous menacez quelqu’un ? Écartez cela !

M. Victor Hugo. — C’est un avertissement.

M. le président. — C’est un avertissement sanglant ; vous passez toutes les bornes, et vous oubliez la question de la révision. C’est une diatribe, ce n’est pas un discours.

M. Victor Hugo. — Comment ! il ne me sera pas permis d’invoquer l’histoire !

Une voix à gauche, s’adressant au président. — On met la constitution et la république en question, et vous ne laissez pas parler !

M. le président. — Vous tuez les vivants et vous évoquez les morts ; ce n’est pas de la discussion. (Interruption prolongée. — Rires approbatifs à droite.)

M. Victor Hugo. — Comment, messieurs, après avoir fait appel, dans les termes les plus respectueux, à vos souvenirs ; après vous avoir parlé de femmes augustes, de veuves saintes, d’enfants innocents ; après avoir fait appel à votre mémoire, il ne me sera pas permis, dans cette enceinte, après ce qui a été entendu ces jours passés, il ne