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LA RÉVISION DE LA CONSTITUTION.

M. de Rességuier. — Votre fauteuil de pair de France ! (Bruit.)

M. le président. — N’interrompez pas.

M. Victor Hugo. — Je crois, Dieu me pardonne, que M. de Rességuier me reproche d’avoir siégé parmi les juges du maréchal Ney ! (Exclamations à droite. — Rires ironiques et approbatifs à gauche.)

M. de Rességuier. — Vous vous méprenez….

M. le président. — Veuillez vous asseoir ; gardez le silence, vous n’avez pas la parole.

M. de Rességuier, s’adressant à l’orateur. — Vous vous méprenez formellement….

M. le président. — Monsieur de Rességuier, je vous rappelle à l’ordre formellement.

M. de Rességuier. — Vous vous méprenez avec intention.

M. le président. — Je vous rappellerai à l’ordre avec inscription au procès-verbal, si vous méprisez tous mes avertissements.

M. Victor Hugo. — Hommes des anciens partis, je ne triomphe pas de ce qui est votre malheur, et, je vous le dis sans amertume, vous ne jugez pas votre temps et votre pays avec une vue juste, bienveillante et saine. Vous vous méprenez aux phénomènes contemporains. Vous criez à la décadence. Il y a une décadence en effet, mais, je suis bien forcé de vous l’avouer, c’est la vôtre. (Rires à gauche. — Murmures à droite.)

Parce que la monarchie s’en va, vous dites : La France s’en va ! C’est une illusion d’optique. France et monarchie, c’est deux. La France demeure, la France grandit, sachez cela ! (Très bien ! — Rires à droite.)

Jamais la France n’a été plus grande que de nos jours ; les étrangers le savent, et, chose triste à dire et que vos rires confirment, vous l’ignorez !

Le peuple français a l’âge de raison, et c’est précisément le moment que vous choisissez pour taxer ses actes de folie. Vous reniez ce siècle tout entier, son industrie vous semble matérialiste, sa philosophie vous semble immorale, sa littérature vous semble anarchique. (Rires ironiques à droite. — Oui ! oui ! ) Vous voyez, vous continuez