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M. DE PONTRESME.

Quel est cet homme ? Êtes-vous témoin ? êtes-vous cité ? qui êtes-vous ?

A part.

Il me semble que je connais ce visage.

GLAPIEU.

Je suis Glapieu. Et non Galbieu. Le caissier de cette nuit. C’est moi qui ai rapporté les quatre billets de banque.

M. DE PONTRESME.

Que vous avez trouvés dans la rue.

GLAPIEU.

Je ne les ai point trouvés dans la rue.

M. DE PONTRESME.

OÙ donc les avez-vous trouvés ?

GLAPIEU.

Dans la rivière.

M. DE PONTRESME.

Dans la rivière !

GLAPIEU.

C’est bien simple. On est en carnaval. Il y a un bal. Un bal masqué. Il y a une roulette, masquée aussi. Valses, contredanses, trente et quarante, faites votre jeu, balancez vos dames. Tous les gens du monde, et pas du monde, sont là. Bonne musique. Il y en a qui soupent, il y en a qui chantent, il y en a qui jouent, il y en a qui gagnent, il y en a qui perdent, il y en a qui dansent, il y en a qui se jettent à l’eau. C’est le temps où l’on s’amuse, quoi ! Un bon garçon, pas content du jeu, enjambe le quai, v’lan. Voilà un homme qui se noie ! Un autre bon garçon, avec un faux nez celui-là, fouille dans sa poche et crie : Pour celui qui sauvera l’homme ! Un autre bon garçon, un vagabond, en haillons, sans pain, dit : ça va ! se flanque à la Seine et rapporte l’homme. Et c’est comme cela qu’on trouve quatre mille francs dans la rivière. Toutes réflexions faites, j’avoue que ce n’est pas vraisemblable.

M. DE PONTRESME, à part.

Mais c’est vrai.