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3l6 MILLE FRANCS DE RÉCOMPENSE.

m’est venue. Pourquoi. ? Quelle ironie ! J’ai cherché Étiennette. J’ai remué ciel et terre pour la retrouver. En vain. J’ai réussi en tout, excepté à cela. Ce qu’on ne désire pas vous vient, ce qu’on désire vous fuit. J’ai accumulé Içs millions, en me disant : c’est l’indemnité que je leur dois. Quand je les retrouverai, ce sera pour elles. Ce sera pour Etiennette, ce sera pour Cyprienne. Ma fille s’appelle Cyprienne. Mais je ne les ai pas retrouvées. Ma joie est morte. Voilà pourquoi il y a un crêpe à mon chapeau. ROUSSELINE.

Ce crêpe, la fatalité l’a mis, le bonheur peut l’ôter. L’oubli peut venir. Un baron quinze fois millionnaire n’est point laissé sans consolation. Les plus hautes alliances, et les plus magnifiques, s’offrent à vous. En vous mariant . . .

LE BARON DE PUENCARRAL.

Jamais. Je suis l’époux de celle qui est dans la nuit, dans la tombe peut-être. L’enfant qu’elle a de moi nous a mariés. ROUSSELINE.

J’admire.

LE BARON DE PUENCARRAL.

Pourquoi vous ai-je dit tout cela, Rousseline .f^ Sans but.^^ Non. D’abord, vous m’avez ouvert le cœur avec votre généreuse action, et mon secret en est sorti. Et puis une idée m’est venue. Vous n’êtes pas seulement un homme honnête, vous êtes un homme habile. Vous savez maintenant ma poignante histoire. Vous comprenez mon deuil. Le deuil d’une conscience. Eh bien, aidez-moi à en sortir. Retenez tous ces noms, Chatelaudren, en Bretagne, le major Gédouard, Etiennette, Cyprienne. Recommencez les recherches. N’épargnez rien. Fouillez toutes les obscurités et toutes les profondeurs. Vous faites avec ces Zucchimo une bonne action, aidez-moi à en faire une de mon côté. Ces millions que j’ai sont à mon enfant. Aidez-moi à la retrouver. Vous si inventif, si sagace, si bien renseigné, cherchez, j’ai bien fait de vous parler, oh ! que je répare le mal que j’ai fait ! que je les revoie, ces doux êtres ! Rousseline, vous me retrouverez ma femme, n’est-ce pas. ? Vous me retrouverez mon enfant. Oh ! cherchez, questionnez, creusez, trouvez ! Rendez-moi ma fille !

ROUSSELINE, à part.

Quand je l’aurai épousée.

La porte du fond s’ouvre.