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ACTE III, SCENE I. 311

LE BARON DE PUENCARRAL, se retournant. Ah ! VOUS voilà, Roussclinc. J’ai justement à vous parler. ROUSSELINE, profondément absorbé, à part. Par exemple, je suis sûr d’une chose : c’est que tout le monde est comme moi. On ne se laisse pas insulter impunément. J’ai posé un dilemme, cela sera. Il me faut l’un ou l’autre dénouement. C’est drôle, je trouve cette fille laide, à présent. Il ne tient qu’à moi de faire de la vieille brute de père un faussaire et un repris de justice. Ou j’épouserai cette sotte petite créature, ou je me vengerai. — Me venger serait bon. LE BARON DE PL’ENCARRAL, s’approchant de Rousseline et lui mettant la main sur l’cpaule.

À quoi pensez-vous donc .

ROUSSELINE, réveille de sa rêverie et souriant. A rien.

II salue profondement.

Mon respect à monsieur le baron.

LE BARON DE PUENCARRAL.

J’ai beaucoup à vous parler.

ROUSSELINE, à part.

Me venger serait bon.

LE BARON DE PUENCARRAL.

Rousseline, j’ai des mesures à prendre. Mais d’abord, — je vous dis cela tout de suite, parce que je l’oublierais, — est-ce que vous ne pensez pas que ce colïre-fort est là peu en sûreté .’* On saute un mur de jardin, on escalade ce balcon, on casse un carreau, on ouvre la fenêtre, et l’on est dans cette chambre. J’ai fait construire cet hôtel, il est tout neuf, je n’y suis installé que depuis huit jours, et déjà les défauts se révèlent. Les architectes bâtissent pour l’architecture. Ensuite, logez-vous dedans, si vous pouvez. On pourrait jouer ici une pièce : la caisse mal gardée. Mettre des barreaux aux fenêtres, non. Je ne veux pas habiter une prison. D’ailleurs aucune grille de fer ne vaut un dogue. Un homme-dogue, voilà ce qu’il me faudrait. La probité faite chien de garde. Il coucherait là. Le coffre-fort serait défendu. Trouvez-moi donc cet homme-là. Je chercherai de mon côté.