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ACTE II, SCENE IV. 297

SCENE IV.

Les Mêmes, GLAPIEUj puis EDGAR MARC. GLAPIEU.

Comme si j’y pouvais quelque chose ! — Suis-je fou de toujours penser à cette pauvre petite et à ce vieux grand-père ! Je me répète bêtement : l’argent du bonhomme est chez ce banquier. Quelle brute que moi-même ! Je songe à cette caisse Puencarral qui est pleine au lieu de songer à ma. poche qui est vide ! — Ah ! Rousseline triomphera ! Pour les principes, je devrais le désirer, car c’est un voleur qui réussit. Mais je ne suis pas rigide, moi. D’ailleurs suis-je un voleur ? ai-je droit à ce titre ? la justice me l’a décerné. Eh bien vrai, là, la main sur la conscience, je ne le méritais pas. — Je hais ce Rousseline ! — Oui , vous verrez ça qu’il triomphera. Il n’y a pas d’autre dieu que le diable, et Rousseline est son prophète. — Quelle épaisseur de neige ! ça tombe, ça tombe, tous les pas de tout à l’heure sont effacés.

La porte du tripot s’ouvre. Edgar Marc en sort. Il ne peut voir Glapieu ni en être vu, Glapieu étant derrière le coin du mur. EDGAR MARC.

J’ai perdu.

Il entr’ouvre son habit, et en tire son portefeuille qu’il jette au milieu du théâtre sur la neige. Puis il se dirige à grands pas vers le quai. Il monte sur le parapet. Il lève les bras au ciel.

Adieu, amour !

Il se retourne et se jette la tête la première derrière le parapet où il disparaît. CYPRIENNE, tressaillant, se dresse debout et laisse tomber son voile. Il me semble que je viens d’entendre une voix ! M. DE PONTRESME.

Bigre ! elle est jolie !

Regardant par les vitres.

Il n’y a personne dehors, mademoiselle.