Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome VI.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE II, SCÈNE I. 26^

GLAPIEU.

Ce masque joyeux m’a dit monsieur le bourgeois. Faut-il qu’il fasse nuit ! — Je ne suis recommandé que par ma mine, qui manque à son devoir, et qui me calomnie. Mon habit est un traître qui laisse entrer le vent et qui dit du mal de moi. Mettez-moi un frac de Staub, et un grand col empesé, j’aurai l’air d’un huissier, absolument comme tous les autres hommes.

Rêvant.

Dans ce moment-ci , si j’avais seulement les pieds sur deux chenets d’une cheminée quelconque, je me croirais dans la béatitude éternelle. J’en suis loin. Je ne sais pas si jamais on m’ouvrira le paradis, il faudra mettre diablement d’huile dans la serrure. — Froid de chien ! Un homme ea redingote longue avec gourdin paraît et disparaît de temps en temps au fond du théâtre se promenant le long du parapet. Entre un afficheur avec son échelle, son paquet d’affiches et son pot à colle. L’homme en redingote est en ce moment arrête à l’angle du magasin de costumes. L’afficheur se tourne vers lui, et montre le côté de mur du fripier. L’AFFICHEUR.

Puis-jc afficher là. Monsieur l’inspecteur de police ? GLAPIEU, regardant l’inspecteur de police. Froid de loup !

L’INSPECTEUR DE POLICE, à l’afficheur.

Non. Pas là.

Tous dexix au fond du théâtre regardent les murailles, cherchant un endroit pour l’affiche. On entend l’orchestre et les rires. GLAPIEU.

Contradictions bizarres du cœur humain ! Il y a ici de la police, et j’y viens rôder. Pourquoi . Parce que , Parce que. Parce que. Parce que je n’ai pas mangé. Parce qu’il y a là des gens gais, et que c’est déjà quelque chose de les côtoyer. Parce que, d’un heureux, il peut me tomber une aubaine. D’où tombera-t-il une pomme, si ce n’est d’un pommier ? Parce que je vais peut-être trouver là une duchesse qui m’invitera à souper. Elst-ce vraisemblable ? Non. Est-ce possible ? Non. Je viens tout de même. Ô pente de l’homme vers les Mille et une nuits ! qui sait ? ce farceur de hasard ! Il y a des minutes où il est bon enfant. Moi, dans les ténèbres, je lui tends lâchement la patte avec mon plus doux sourire. Il me mettra peut-être du bonheur dedans. Flânons.