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ACTE PREMIER, SCENE IV. 237

ROUSSELINE.

Quelle question ! sans doute. Mon nom ne doit pas paraître. SCABEAU.

J’entrevois.

ROUSSELINE.

Entrevoir ne suffit pas, il faut comprendre. Mon cher, cartes sur table. C’est moi qui vous ai prêté les fonds pour acheter votre étude. Pourquoi.’* parce que j’ai besoin d’un huissier à moi. Je ne fois et ne ferai jamais rien d’illégal i mais les affaires ont des complications. Je désire être compris. Toute affaire a un dessus et un dessous. Ici, le dessus, c’est le baron de Puencarral, banquier archi-millionnaire, qui ne perd pas son temps à s’occuper du côté fastidieux des opérations d’argent, rentrées de capitaux, créances en souffrance, échéances, protêts, jugements, arrêts, saisies, ventes, et cotera, et qui se repose en pleine confiance de tout ce détail sur son homme d’affaires, attendu que dans ces immenses maisons-là, où chaque commis a une espèce de petit royaume à part, le maître se contente de s’enrichir, et plane. Le dessous, c’est l’homme d’aff^aires, c’est moi. Est-ce entendu ? Vous voyez que j’ai fait ma fortune, soyez intelligent, et je me charge de la vôtre. SCABEAU.

Ça ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. GLAPIEU , à part.

Ça ne tombe pas dans l’oreiUe de deux sourds. ROUSSELINE.

Du reste, rien d’illicite. Notre probité demeure intacte. La stricte observation des lois est le devoir du bon citoyen. GLAPIEU, à part.

Comme cela fera bien au Père-Lachaise, l’épitaphe de cet homme-là ! ROUSSELINE.

Avec

pas

Avec moi vous ne craignez rien. Je suis scrupuleux. Se mouvoir dans la légalité, c’est à la fois l’habileté et l’honnêteté. Nous ne sommes pas des voleurs rôdant au coin d’un bois.