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THEATRE DE JEUNESSE.

Quels vains pressentiments, quelle aveugle tendresse A changé tout à coup votre force en faiblesse ? Ne vous souvient-il plus de ces jours pleins d’horreur Où du Persan l’Egypte éprouva la fureur, Où le fils de Cyrus, rassemblant son armée. Vint glacer de terreur la patrie alarmée. Et la flamme à la main pénétra dans Memphis ? De ces jours malheureux où le père etle fils L’un sur l’autre immolés, se demandant vengeance. Sous les coups des soldats expiraient sans défense ? Vous avez vu nos toits, nos temples embrasés, Sur le sein maternel les enfants écrasés. Le féroce vainqueur, jouissant de ses crimes. Et d’un œil furieux désignant ses victimes. . . Vous l’avez vu, madame, et ce seul souvenir... PHALÉRIE.

Irtamène, arrêtez, c’est assez me punir. Si, redoutant pour vous les coups de la fortune, J’ai pu vous témoigner une crainte importune. Pardonnez à l’amour, pardonnez-moi, seigneur. Je suis digne de vous, n’accusez que mon cœur. Vous voulez donc, guidé par un noble courage. Braver du fier Actor la soupçonneuse rage. Vous baigner dans son sang ou chercher le trépas. Cruel, si mon amour ne vous arrête pas. J’y consens, ébranlez le colosse du crime. Vous-même soyez-en la première victime ! . . Mais quand de vos dangers vous me verrez frémir, Ne m’ôtez pas du moins la douceur d’en gémir ! Irtamène laisse échapper quelques larmes. Ciel ! que vois-je ! des pleurs mouillent votre visage. Ah ! seigneur, fléchissez cette vertu sauvage Qui dans le trépas seul vous fait trouver l’honneur. Irtamène, vivez, rendez-moi le bonheur. Laissez-vous émouvoir ; songez à Phalérie, Aux doux nœuds de l’hymen ! . . IRTAMENE, reprenant sa fermeté. Je songe à ma patrie j

J’ai juré son salut, je tiendrai mon serment.