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NOTES DE L’ÉDITEUR. HISTORIQUE DU THÉATKE DE JEUNESSE. Le Théâtre de hunejîe fut composé pendant la période où Victor Hugo , adolescent, était très malheureux. Une lettre, datée de juin 1814 et adressée par Pierre Foucher au général Hugo ), nous apprend que celui-ci, alors à Thionville qu’il défendait contre les alliés, avait envoyé sa sœur. M"’ Martin, chercher ses deux fils chez leur mère et les lui enlever. A son retour de Thionville, en septembre, le père mit Eugène et Victor en pension, avec interdiction formelle de voir M°" Hugo ’^^ Ce fut un désespoir pour les deux enfants, pour Victor surtout, le plus jeune, qui avait pour sa mère un véritable culte ; séparé d’elle brutalement, enfermé dans cette « triste pension sombre et enserrée entre la prison de l’Abbaye et le passage du Dragon » il n’avait d’autre ressource que de pleurer avec son frère Eugène et de traduire son chagrin dans des vers qui, abstraction faite de la forme « noble » imposée par l’époque , sont vraiment touchants ; les voici ; ils sont extraits de l’un des onze cahiers ’■' CoUeUion Loua Barthou. - Cette lettre a e’tc publiée par M. Louis Guimbaud {Souvenirs inédits dt fierre Foucher). ’*' Cette interdiction durait encore en 1817. Une lettre d’Abel Hugo à son père 7 fait allusion. Voir Louis Belton, "UiHor Hugo et son frère Eugène à la pension Cordier et Deeotte et au lycée Louii-U-Grand. (î) M- Victor Hugo, Uiâor Hugo ratonté par un témoin de sa vie. signalés par M"* Victor Hugo’*' et dont deux seulement subsistent : ELEGIE («) Brillants de pourpre et de lumiirc. Les coursiers du soleil ont fini leur carrière ; La couronne du dieu, les nuages dores De ses derniers rayons sont déjà colorés ; Déjà sur l’horizon l’étoile scintillante Mêle au jour expirant sa lueur vacillante. Et le char de Phébé s’élevant dans l’azur. Répand sur l’univers un éclat doux et pur. Tout est calme. Oubliant la guerre et ses alarmes. Le soldat dort en paix étendu sur ses armes ; Le laboureur jouit d’un utile repos , Et le berger paisible a rentré ses troupeaux ; Les oiseaux assoupis ont cessé leur ramage. Le seul Zéphjre agite le feuillage ; Le silence en tous lieux a remplacé le bruit. Et rien ne trouble plus le repos de la Nuit... Tout est calme... et moi seul , ô douleur trop amcre ! Séparé d’une tendre mère. Privé du bonheur de la voir. J’exhale en soupirant mon sombre désespoir ! Jusqu’à quand. Destin implacable. Poursuivras-tu ce coeur que ta fureur accable ? Quel crime ai-jc commis ? par quel forfait afireux Ai-jc pu mériter un sort si rigoureux ? Ma mère des vertus m’offrait un gur modèle. Elle eût formé mon coeur... Je suis séparé d’elle ! Séparé de ma mère !... O vous, sensibles cœurs ! Jugez si ma tristesse égale mes malheurs I Non, non, ce ciel que j’importune Allégera mon horrible infortune. Près de ma mère enfin je coulerai mes jours. Et si je la revois, ce sera pour tanjuta. Je me tais ; tout à coup, l’amante de Narcisse A répété Ttujoiml Sa voix consolatrice Dans mon cœur désolé fait renaître l’espoir... Maman, je suis heureux, si je puis te revoir ! Une nature moins énergique se fût abandonnée à son chagrin ; Victor en ’•' Viétor Hugo raconté par un témoin dt sa vie.

    • ’ Cette clcgic est l’ouvrage de deux heures.

Pourquoi l’esprit dit-il si mal ce que le cœur sent si bien ? — Hôte du manuscrit.