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LE MANUSCRIT

D’INEZ DE CASTRO.

Ce manuscrit, non date, se compose de quatre petits cahiers de fort papier réglé, cousus avec de gros fil, numérotés au recto et au verso de i à 95 , et mesurant 16 centimètres de hauteur sur 22 de largeur. L’auteur laisse déjà une marge de la moitié de la page en prévision des additions et corrections, mais il écrit au recto et au verso. Peu de ratures. Les feuillets 9, 53, 63, 77, sont soigneusement collés par des pains à cacheter sur des pages contenant le texte de premier jet. Pourtant, on peut voir, en transparence (feuillet 9), que le «mélodrame» était intitulé d’abord : Don PèJre Je Portugal et commençait par le monologue de Romero, seul devant sa cabane (actuelle scène 11). Plus tard, Victor Hugo a jugé nécessaire d’exposer plus clairement la situation et a ajouté une scène entre l’Alcade et le chef des Maures j puis, sur ce dernier nom il a écrit en surcharge : le Mendiant, ne voulant pas tout de suite découvrir la personnalité d’Albaracin.

Les derniers mots du premier acte sont barrés ; on lit sous les ratures : INEZ, au roi et à la reine.

Seigneur, madame, je vous laisse vos enfants.

La seconde page collée (feuillet 53) cache une partie de l’intermède au camp des Maures, qui venait après la délibération des juges d’Inez ; cet intermède est recopié presque sans changements et placé avant le deuxième acte. L’écriture est renversée et très différente du reste du manuscrit.

Sous la troisième page collée (feuillet 63) , on découvre des différences assez sensibles dans le texte primitif de la scène v, acte II ; nous rétablissons ici ce texte que le lecteur pourra comparer à celui de la page 170 : ... trône, patrie.... Grand Dieu ! tu m’aurais sacrifié ta jeunesse, donné ta vie, dévoué ton âme, Inez, tu aurais tout fait pour moi, toi qui n’es qu’une feiible femme, et moi qui porte un cœur de prince et une épée de gentilhomme, j’accepterais tant de preuves de tendresse sans te donner un témoignage d’amour ! INEZ.

Ah ! don Pèdre, je tremble pour vous. Prouvez à votre Inez que vous l’aimez, embrassez-la et fuyez.

DON PÈDRE.

Moi fuir ! Moi, que je t’abandonne ! Va, ne l’espère pas. As-tu donc cru lier ta vie au destin d’un lâche.’* Ah Dieu ! je te suivrai plutôt au supplice, mais avant de t’y suivre, j’aurai ébranlé de mes mains ce trône de Portugal, dont je suis l’hcritier