Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Théâtre, tome V.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

SLAGISTRI.

À toi qui vis à part, seul ? Et l’éclaboussure !

PRÊTRE-PIERRE.

Le prince a son duché, le pâtre a sa masure,
Chacun chez soi.

SLAGISTRI.

Chacun chez soi. Chacun chez soi ; le droit, dehors !

S’approchant d’Albos.

Voyons, toi ! brave et simple, et fort parmi les forts,
Puis-je t’appeler fils ? Voyons, en es-tu digne ?

PRÊTRE-PIERRE.

Sois-en fier. Il est grand.

SLAGISTRI.

Sois-en fier. Il est grand. Petit, s’il se résigne
À voir vos fronts courbés.

PRÊTRE-PIERRE.

À voir vos fronts courbés. En lui nous triomphons.
Son coup de pierre fait du haut des cieux profonds
Tomber l’aigle.

SLAGISTRI.

Mieux vaut jeter bas un despote.

À Albos.

Mon fils…

ALBOS, se tournant vers Prêtre-Pierre.

Mon fils… Mon père !

SLAGISTRI, à part.

Mon fils… Mon père ! Hélas ! ô mon vieux cœur, sanglote.
Mais tout bas. N’être point aimé, c’est là l’exil.