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THÉÂTRE EN LIBERTÉ.

ALBOS.

Et moi ? Prends ce rosaire.

ELETTRA.

Et moi ? Prends ce rosaire. Et moi ?

ALBOS.

Et moi ? Prends ce rosaire. Et moi ? Fille charmante,
À ta bouche, qu’embaume un souffle aérien,
À ta beauté je donne un baiser.

Il l’embrasse.
MARIAMM.

Et moi, rien ?

ALBOS.

Ah ! c’est toi, brave enfant, bonne comme une aïeule,
Qui, lorsqu’on va danser, restes au logis seule,
Sourde à l’appel joyeux des valseurs triomphants,
Pour garder les agneaux et soigner les enfants,
Viens, je te donne à toi qui veilles et qui chantes

Montrant le loup tué.

Ce loup fauve dont j’ai brisé les dents méchantes.

LA VOIX dans la caverne.

À qui donneras-tu le maître détrôné ?

Mouvement dans la foule.
LA MÈRE.

On parle !

ALBOS.

On parle ! J’ai d’abord cru qu’il avait tonné.
Mais non. C’est une voix humaine.

Tous regardent de tous côtés.
LE MONTAGNARD.

Mais non. C’est une voix humaine. Elle résonne
Dans les lointains échos, mais on ne voit personne.

Sortent les jeunes filles. Deux des hommes les suivent emportant le loup.